Terre de vent de Michèle PERRET livre édité chez L'Harmattan
- Graveurs de Mémoire
Il s'agit d'un roman. Choune est une petite fille qui vit en
Algérie dans une grande ferme. L'époque racontée : 1939 à 1945.
L'Auteure nous entraîne dans cette période de l'enfance, qui
pour tout un chacun, est toujours une aventure, fut-elle heureuse ou
malheureuse nous la vivons ou nous l'avons vécue dans la merveilleuse naïveté
et parfois l'insouciance des premières années où nous nous adaptions aux
situations, selon nos propres capacités.
La petite Choune vit son quotidien dans une bulle, heureuse
parfois troublée par des violences et des injustices qu'elle ne comprend pas.
Elle est transparente cette petite Choune ou plutôt entre parenthèses en plein
milieu d'une foule de personnages.
Qu'importe l'époque, si l'on a connu un peu ce pays, on
retrouvera forcément : la tiédeur de l'air, les pieds nus sur les carreaux
froids, les ombres... les autres enfants, les gens.
Page 35/36, comme un vol d'étourneaux... ce monde pépiait
d'enfants... j'ai beaucoup aimé ces deux pages, et s'il y a eu vraiment un
" petit éclair orangé derrière le tronc des palmiers " (j'adore cette
phrase) j'imagine plutôt qu'il s'agit de la petite Choune elle-même qui regarde
sans être vue et non pas les ombres que croit apercevoir Samra. Dans les pays
chauds l'ombre est primordiale et vitale. Ce mot "ombre" revient
souvent, même s'il est employé plutôt au sens figuré, il est omniprésent.
Tout le temps de ma lecture, bien que n'ayant pas eu du tout
la même enfance, j'ai cru vivre aux côtés de la petite Choune dans cette grande
ferme et dans ce pays. J'ai reconnu Farid et son petit âne... et les gosses qui
courent et crient derrière lui pour le faire avancer... j'ai vu les plantes et
j'ai pris plaisir à retrouver le parfum de certaines fleurs... j'ai reconnu la
terre craquelée... les mouches... les ronces... l'eau précieuse, ô combien.
Michèle Perret nous mêle à une vie quotidienne
autobiographique sans doute pour une très grande part, romancée bien sûr. En
fait, Le vent chaud m'a emportée et j'ai navigué entre la rêve et la réalité et
puis j'ai retrouvé l'Algérie et certaines sensations de mes jeunes années.
C'est très joliment très tendrement écrit. J'ai beaucoup
aimé également les pages 108/109...
je ne note ici qu'un extrait : " C'est là que Choune a
passé ses heures les plus exaltées, toute puissante d'être si haut, au-dessus
du vide, face au vaste monde. Les fleurs jaunes du caroubier, autour d'elle,
pleines de bourdonnements d'insectes, sentaient le miel...... Rester là,
rêveuse, âme de l'arbre, prise dans le bourdonnement des guêpes et les odeurs
de miel. Sentir le vent, planer au-dessus des vignes, plonger dans l'intense
ciel bleu, une mer profonde et calme.... Tout d'un coup, après le jardin clos,
posséder un horizon immense, les touffes de trembles dans le lit de l'oued, la
ligne gris-bleu de la route, les oliviers argentés, les collines. ... "
Tout le livre est comme ça, tout y est, j'aime cette petite
Choune et j'apprécie de lire Michèle Perret. J'ai plongé dans ces souvenirs-là,
bien que n'ayant pas connu cette époque et j'ai retrouvé curieusement des goûts
et des parfums jamais oubliés finalement.
A lire, ne vous privez pas
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