A toutes les Mimis qui se reconnaîtront peut-être...
"Vous pouvez arracher l'homme du pays, vous ne
pourrez pas arracher le pays du coeur de l'homme". De J. Dos
Pasos
Exode de 1962
La vie est belle... ma Belle,
Je mêle mes souvenirs à ta terrible histoire,
celle que tu me racontes si tristement ce soir.
Celle qui fit de toi l'enfant déracinée
d'une région, d'un pays que tu as tant aimés.
De Provence où tu vis désormais aujourd'hui,
tu me parles d'espoir, d'insertion réussie.
Mais après cinquante ans tu caresses toujours
le projet un peu fou de repartir un jour.
Dis... comment une sirène peut hurler un adieu
à des vies marchandées, au prix de quel enjeu ?
Tant de larmes versées, comme après chaque guerre,
en même couleur de sang, se perdent dans la mer.
La liberté des uns force l'exil des autres
et fait courir aux quais des Hommes qui sont les nôtres,
quand leurs regards voilés, spectateurs d'une vision,
présagent l'épilogue d'une telle aberration.
Et dans cette folie s'ébranlent les navires
qui glissent dans un bruit de larmes et de soupirs,
des cris, des S.O.S, lancés dans la souffrance
pour finalement se taire et voguer en silence.
Dans tes mots de chagrin je me retrouve... hier,
lorsqu'à "Tombeau ouvert" nous roulons vers la mer,
le long de cette Côte Emeraude s'il en est,
garnie de roches brunes et surplombant la baie,
auréolée de pins, d'oliviers, de yuccas.
Les plages de sable blond des criques de Tipasa,
où la mer vient danser jusqu'aux pieds des cyprès.
C'est là que ma famille devant mes yeux renaît.
Rieuse et bienheureuse, elle joue au ballon
pendant qu'avec la joie d'une grande excitation
les enfants échafaudent de beaux châteaux de sable
dévorés pour toujours par des vagues insatiables.
Sur la route déserte nous faisons une halte,
près d'une grosse orange, curieux bar sur l'asphalte,
puis à Sidi-Ferruch où la pêche nous attend,
partie de rigolades d'un pique-nique, forcément.
Et dotés de nos palmes, nos masques et nos tubas,
nous flottons vers des fonds aux côtés de Papa,
dans les bateaux coulés où se nourrit la vie,
dessous, nous avons vu que la paix irradie.
C'est drôle, je me souviens combien nous avons ri
à nous gratter les pieds collés par le cambouis,
et cette fierté de gosse à brandir nos butins
de poissons et de poulpes ou de fameux oursins.
Et le rire de Papa qui dégote des dormeurs,
et la joie des plus jeunes qui crient.. des "dorloteurs" !
des roches enclavées, des ruines mystérieuses,
un vrai Bateau-Cassé pour une famille heureuse.
La pêche sous-marine ou Maman passe des heures
à scruter l'horizon et contrôler sa peur,
car Papa plonge seul, longtemps et très profond
muni tout simplement de crochets, de harpons,
et son souffle puissant que l'on suit à la trace
lorsqu'il expulse l'eau en remontées fugaces,
pour se mettre à plusieurs et retirer sa "peau",
fameuse combinaison utile pour avoir chaud.
D'Ouest en Est nous allons jusqu'à la Pointe Pescade
pour courir sur la plage et finir en baignade.
Partout les villas blanches ornées de jolis pots,
déguster les merguez qu'on aime à Fort-de-l'Eau.
Arrêt Cap Matifou pour admirer d'ici
une vue magnifique d'Alger la Blanche pardi !
Filer au Rocher-Noir où nous pouvons nager
profiter du Figuier juste avant de rentrer.
C'est ma vie qui défile en t'écoutant parler,
au frais d'un cabanon où on se laisse aller...
au bonheur palpable, sous cette ta jolie tonnelle
sur la terre de France où la vie est si belle
ma Belle...
Catherine Pallois 2015 Tous droits
réservés
La musique fait partie de ma vie, elle m'aide à trouver les mots pour dire les choses.
"Vous pouvez arracher l'homme du pays, vous ne pourrez pas arracher le pays du coeur de l'homme". De J. Dos Pasos
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