Soudain seuls un roman de Isabelle AUTISSIER édité chez
Stock
Une histoire humaine magnifique et des descriptions superbes
de ce décor gelé.
Isabelle AUTISSIER est née le 18 octobre 1956 à Paris, c'est une navigatrice
française, et la première femme à avoir accompli un tour du monde en
compétition, en 1991.
Page 39... Alors, le grand départ, c'est pour bientôt ? " C'est parce qu'elle a peur de le perdre quelle se laisse convaincre. Que risquent-ils ? Une belle et grande balade pour se régaler, et ensuite ils reviendront. C'est maintenant ou jamais, pendant qu'ils sont en forme et sans enfants. On ne peut pas être perpétuellement sérieux, il faut vivre, au moins une fois, intensément...
Malheureusement le tour du monde vire au cauchemar. Louise
et Ludovic sont pris dans une tempête épouvantable (cap Horn on peut imaginer
!) et leur bateau leur échappe tandis qu'ils cherchent refuge sur Stromness une
île désertée, une ancienne station baleinière où ils vont vivre des heures et
des jours bien difficiles. La survie dans cet endroit particulièrement hostile
est si plein d'obstacles qui paraissent insurmontables.
Page 58 ... Sur la plage, le vacarme est assourdissant. Les animaux reviennent de chasser, le jabot gonflé d'une bouillie de poisson prête à être régurgitée pour nourrir leurs petits. Ils ne reconnaissent leur progéniture qu'au chant spécifique de chaque individu. Les arrivants errent donc en couinant, distribuant les coups de bec pour chasser les jeunes importuns, jusqu'à retrouver les leurs...
Page 99 … Un grondement s'insinue dans son esprit, l'empêchant de dormir, cassant le fil de son rêve amer. Un bruit de cataracte cadencé, incongru, l'oblige à ouvrir les yeux. C'est l'heure entre chien et loup, l'interminable crépuscule des Cinquantièmes. Les rayons obliques perlent sous les nuages et s'accrochent à tout. Ils teintent d'or les coulées de mousses vertes, surlignant chaque ressaut de la falaise et les longues traînées blanches de déjections des oiseaux. Plus bas, un bouillonnement presque fluorescent de vagues s'écrase, gicle en hautes gerbes et repart en suçant la paroi, traînant derrière de longs filaments d'eau, comme des méduses...
Page 102 ... Au fond d'une combe étroite, un ruisseau dégringole au milieu d'une falaise quasi lisse. Il tire vaguement l'annexe sur les cailloux et entreprend de le remonter en s'accrochant aux aspérités glissantes. L'eau glaciale lui ruisselle sur les mains et les tétanise. Il a le sentiment d'être dans un film au ralenti, se hisse, glisse, repart. De corniche en ressaut, il finit par rejoindre un plateau. Le mauvais temps s'éloigne. Il reste des nuages déchiquetés qui laissent apparaître une lune quasi pleine, d'un blanc céruléen. Elle fait exploser de blancheur les zones enneigées et exagère les ombres...
Page 144 … L'île est au creux de l'hiver, enfouie jusqu'au rivage sous des mètres de neige. Rien ne bouge, hormis quelques vols d'oiseaux égarés. Dans ce pays sans arbres, le vent n'a rien à torturer. ... Le monde est noir et blanc, à peine plus verdâtre côté mer, plus brunâtre côté falaise. Il règne une impression d'éternité...
A lire oui, je conseille ce livre pour l'histoire de ce
couple bien sûr mais aussi pour la description des paysages lunaires glacials
de cet endroit grandiose et terrifiant et la découverte de sa population
animale utile ô combien aux besoins alimentaires de nos naufragés.
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