Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur de Harper Lee Edité ici chez Le Livre de Poche à 6,60 euros.
Ce livre exceptionnel est un message universel et
intemporel (ce sont les termes très souvent employés par nombre
de lecteurs et je suis tout à fait d'accord avec eux) l'histoire
se situe vers les années 1930 à 1935 donc bien longtemps après
l'adoption du treizième amendement à la Constitution des États-Unis qui
devait normalement prendre effet le 18 décembre 1865. « Ni
esclavage, ni aucune forme de servitude involontaire ne pourront exister aux
États-Unis, ni en aucun lieu soumis à leur juridiction ». Mais les Hommes
sont ce qu'ils sont et il faut des années sinon des siècles pour détricoter une
manière de vie, une culture, presque une tradition car pour les Blancs se
servir des Noirs était une chose normale et les Noirs longtemps ont subit l'asservissement..
on retrouve ce sentiment dans le livre sauf qu'un homme a décidé de changer
d'optique et d'éduquer ses enfants de sorte qu'ils respectent et écoutent
l'autre.
Nous sommes en Alabama à l'époque de la Grande Dépression
(crise économique des années 30) et grâce à Scout, une fillette pétillante
et heureuse de 6 ans nous évoluons dans la petite ville de Maycomb au fil
de ses journées en compagnie de son frère Jem et de son grand ami
Dill, Une dame noire Calpurnia est à leur service puis vient s'ajouter à ce
trio Tatie Alexandra la soeur d'Atticus. Nous réalisons combien le mode de
vie des Blancs et des Noirs pouvait-être encore si différent et que les droits
de l'homme Noir y étaient bafoués peut-être oserais-je dire par habitude.
L'esclavage aux États-Unis (1619-1865) commence peu après l'installation des
premiers colons britanniques en Virginie et se termine avec cette incroyable
adoption du XIIIe amendement. Le père de Scout et Jem, Atticus est un avocat
qui va être nommé d'office pour défendre un homme Noir accusé d'avoir violé une
femme Blanche. Atticus est intègre, bon et juste mais les Hommes à ce
moment-là, à cet endroit-là le seront-ils ? Il élève seul ses enfants dans la
droiture et le respect de l'autre il leur inculque le respect, l’amour, le
vivre ensemble dans la paix et dans la tolérance réciproque.
Ah juste une précision, notre petite Scout utilise parfois
le mot " Nègre " tout à fait naturellement et je tiens à préciser que
ce mot-là ne fait pas partie de mon vocabulaire et ne doit plus faire partie de notre vocabulaire à tous.. il m'a été interdit dès mon
plus jeune âge à la maison. On devait dire " gens de couleur "
ainsi, Articus l'avait-il conseillé à ses enfants.
Les extraits et autres phrases percutantes
page 52/53 ... Atticus : - D'abord, Scout, un petit truc
pour que tout se passe mieux entre les autres, quels qu'ils soient, et toi : tu
ne comprendras jamais aucune personne tant que tu n'envisageras pas la
situation de son point de vue... - Pardon ? - ... tant que tu ne te glisseras
pas dans sa peau et que tu n'essaieras pas de te mettre à sa place.
page 122/123 - ... Pourquoi Cecil a-t-il dit que tu
défendais les nègres ? On aurait cru que tu faisais quelque chose d'illégal.
Atticus poussa un soupir. - C'est simplement que je défends un Noir du nom
de... Il habite ce petit quartier qui se trouve au-delà de la décharge
publique. Il fait partie de l'église de Calpurnia et elle connaît bien sa
famille. Elle dit que ce sont des gens honnêtes.... - Si tu ne devrais pas le
défendre, pourquoi le fais-tu quand même ? - Pour plusieurs raisons, dit
Atticus. La principale étant que si je ne le faisais pas je ne pourrais plus
marcher la tête droite, ni représenter ce comté à la Chambre des représentants,
ni même vous interdire quoi que ce soit à Jem ou à toi.... Parce que je ne
pourrais plus vous demander de faire attention à ce que je vous dis. Vois-tu,
Scout, il se présente au moins une fois dans la vie d'un avocat une affaire qui
le touche personnellement. Je crois que mon tour vient d'arriver. Tu entendras
peut-être de vilaines remarques dessus, à l'école, mais je te demande une
faveur : garde la tête haute et ne te sers pas de tes poings. Quoi que l'on te
dise, ne te laisse pas emporter. Pour une fois, tâche de te battre avec ta
tête... elle est bonne, même si elle est un peu dure. ...
page 246 ... Ce ne sont pas des oeillères ! il avait
l'intention de te tuer la nuit dernière quand il est arrivé. - Il aurait
peut-être pu me faire un mauvais parti, admit Atticus, mais, mon garçon, tu
comprendras un peu mieux les gens quand tu seras plus grand. Une foule, quelle
qu'elle soit, est toujours composée de gens, Mr... faisait partie de cette
foule la nuit dernière, mais il était toujours un homme. Toute foule, dans
n'importe quelle petite ville du Sud, est composée de gens que tu connais... Ce
n'est pas à leur honneur, non ? - Bien sûr que non. - Et, vois-tu, il a suffi
d'une enfant de huit ans pour les ramener à la raison. Ce qui prouve qu'on peut
arrêter une bande de bêtes sauvages, tout simplement parce qu'ils restent des
êtres humains....
page 317 - Encore un mot, messieurs les jurés,
et j'en aurai terminé. Thomas Jefferson a dit un jour que tous les hommes
naissaient égaux, phrase dont les Yankees et la dame de la Présidence à
Washington aiment à nous rebattre les oreilles. Certaines personnes ont
tendance, en cet an de grâce 1935, à utiliser cette phrase en la sortant de son
contexte pour satisfaire tout le monde. L'exemple le plus ridicule que je
connaisse est que les gens qui dirigent le système scolaire encouragent de la même
façon les idiots et les paresseux d'une part et ceux qui travaillent de
l'autre. Puisque tous les hommes sont nés égaux, vous diront gravement les
enseignants, les enfants qui ne suivent pas souffrent d'un terrible sentiment
d'infériorité. Nous savons que tous les hommes ne naissent pas égaux au sens où
certains voudraient nous le faire croire - certains sont plus intelligents que
d'autres, certains ont plus de chances parce qu'ils sont nés ainsi, certains
hommes gagnent plus d'argent que d'autres, certaines femmes font de meilleurs
gâteaux que d'autres, certains sont plus doués que la moyenne. " Mais ce
pays met en application l'idée que tous les hommes naissent égaux dans une
institution humaine qui fait du pauvre l'égal d'un Rockefeller, du crétin
l'égal d'un Einstein, et de l'ignorant l'égal de n'importe quel directeur de
lycée " ...
page 342 ... L'autre soir devant la prison. Si cette troupe
s'est retirée, ce n'est pas parce qu'il s'agissait d'hommes raisonnables, mais
parce que nous étions là. Il y a quelque chose dans notre monde qui fait perdre
la tête aux hommes. Ils ne pourraient pas être justes s'ils essayaient. Dans
nos tribunaux, quand c'est la parole d'un homme blanc contre celle d'un Noir,
c'est toujours le Blanc qui gagne. C'est affreux à dire mais c'est comme ça. -
Cela ne rend pas les choses plus justes, dit Jem imperturbablement. Il cognait
doucement son poing contre son genou : - On peut pas condamner un homme sur ce
genre de témoignage. C'est pas possible ! - C'est pourtant ce qu'ils ont fait.
Plus tu grandiras, plus tu verras de choses dans ce genre. Une salle d'audience
est le seul endroit où un homme a le droit à un traitement équitable, de
quelque couleur de l'ar-en-ciel que soit sa peau, mais les gens trouvent le
moyen d'apporter leurs préjugés dans le bos du jury. En grandissant, tu verras
des Blancs tromper des Noirs tous les jours de ta vie, alors n'oublie pas ce
que je vais te dire : lorsqu'un homme blanc se comporte ainsi avec un
Noir, quelles que soient son nom, ses origines et sa fortune, cet homme blanc
est une ordure....
Ce livre est à lire absolument, je le conseille très vivement aux jeunes adolescents et à leurs parents. Je suis heureuse de constater combien depuis le début du XIX ème siècle nous avons progressé au niveau du racisme (au moins chez nous mais en Amérique heureusement aussi peut-être pas partout mais..) au niveau du rejet de celui qui n'est pas comme nous, nous avons encore beaucoup de travail à faire sur nous-même.
J'aurais dû lire ce livre depuis longtemps. Je me souviens avoir été particulièrement touchée à 17 ans par l'assassinat de Martin Luther King le 4 avril 1968 à Memphis. La mort de cet homme exceptionnel, de ce pasteur baptiste afro-américain,, apôtre de la non-violence a soulevé une immense émotion dans le monde entier alors que des émeutes secouaient les ghettos des grandes villes américaines, oui je m'en souviens d'ailleurs à cette époque les jeunes de ma générations prêchaient tous pour la paix, contre la pauvreté et la discrimination raciale. Il a marqué ces années en France alors en Amérique..
Un livre "culte" à lire - Un film "culte" à voir
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