Dans ce roman nous retrouvons Jess une des adolescentes du roman « Avant l’été ».
Il ne s’agit pas d’une suite.
Jess se fait appeler Louise. Elle ne veut pas reprendre l’hôtel tenu par ses parents. Elle ne veut pas de cette vie stressante. Ça ne l’intéresse pas. Elle veut se libérer de l’emprise familiale et vivre libre, enfin. Donc elle part en Italie et s’installe à Venise.
Son actuel logement va être vendu et au fil de l'histoire,
pour gagner sa vie et accéder à un nouveau logement elle va accepter de faire
de menus travaux pour Maxence, un avocat pénaliste. Ce personnage n’a qu’un but
dans sa vie, reconstituer les sept jardins qui entourent sa maison, un ancien
monastère situé en face de Venise elle-même menacée par la montée des eaux. Il
vit avec son compagnon Colin aussi exubérant que Maxence est introverti. Il y a
aussi Elio l’homme à tout faire de la maison. Cette île de la lagune de Venise
est propice à la contemplation et à la mélancolie. Presque mystique, il incline
à la curiosité que l’on peut porter au passé. On y est en paix et c’est
exactement ce dont Jess a besoin pour s’accepter.
L'Auteure nous entraîne dans un voyage intimiste où les
beautés de Venise et de l’île de Torcello sont mises en péril par le changement
climatique. Nous subirons tous un jour ou l’autre et où que nous vivions, les
conséquences dévastatrices de la montée des eaux entre autres. Venise est
classée au patrimoine mondial de l'Unesco.
Ce roman nous fait réaliser combien la poésie de cet endroit
magnifique est fragilisée et menacée. Jess-Louise est notre guide, nous la
suivons. Nous visitons, nous découvrons, nous admirons, nous aimons, nous
espérons un mieux pour demain.
C’est du Claudie Gallay comme j’aime avec des descriptions
pointilleuses et une ambiance très particulière qui nous fait forcément lever
le pied mais surtout pas le nez. Ouvrage à lire et à partager.
Extrait page 18 : … C’est très particulier de vivre dans une ville sur l’eau. C’est beau. Imprévisible. Parfois sidérant. Mais jamais pour les mêmes raisons. La lumière change à grande allure. Il suffit d’un peu de brume. Parfois, à l’heure dorée, Venise s’embrase…
Extrait page 76 : …Avec le réchauffement, l’eau monte dans les canaux, les gondoliers ne peuvent plus passer sous certains ponts, la pointe arrière de leur gondole cogne, alors certains remédient au problème, ils ratiboisent la pointe, gagne vingt-cinq centimètres, mais le riccio est un symbole, il est même obligatoire sur le Grand Canal, en le rabotant, ils mutilent leur gondole et, du même coup, toute l’histoire de Venise…
Extrait page 157 : … Des plaques de brume sont accrochées à la lagune. L’hiver, quand le brouillard tombe, on ne voit pas à dix mètres. Il y a longtemps de cela, un pêcheur de Burano était sorti et n’avait pas retrouvé sa maison, il avait tourné sur l’île et avait fini par tomber dans l’eau, à quelques mètres de sa porte. A la suite de cela, les habitants ont peint leurs maisons en couleurs vives, afin que chacun retrouve la sienne…
Extrait page 186 : … Un papillon bleu entre par la fenêtre ouverte. Il vole dans la chambre. Les papillons ne font pas de bruit, mais en étant très attentifs, on peut entendre battre leurs ailes, et dans ce bruissement à peine audible, se tient quelque chose d'immensément grand que Jess ressent et qu'elle ne parvient pas à nommer, et qui est la force ou la poésie commune à toutes formes de vie.
Extrait page 388 : … Un ibis à cou noir s’est posé sur le quai. Une envergure extraordinaire, elle n’en avait jamais vu d’aussi beaux. Son habitat est plutôt australien, éventuellement en Nouvelle-Guinée, à la rigueur aux îles Salomon. Il marche, avec une grâce fragile, droit sur ses pattes très fines. Un oiseau e passage. En visite, comme elle.
Claudie Gallay est une écrivaine-Auteure française née en
1961 à Gourgoin-Jallieu dans l'Isère. C'est une romancière de grand talent et tous ses livres prônent dans ma bibliothèque.
Son premier roman " Les Déferlantes " a été
publié en 2008. Elle a remporté de nombreux prix littéraires et celui-ci en mériterait bien un.
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