Roman édité chez Actes Sud. Prix 22 euros. La photographie
de couverture est de Anka
Zhutavlera dont le site est ICI.
" La beauté des jours " Un roman
d'atmosphère comme cette romancière sait si bien les écrire, un livre d'une
tendresse infinie pleine de citations d'une étonnante évidence qui sont à
retenir. Je suis bien certaine que nous pensons souvent de la même manière que
l'héroïne de cette histoire simple mais juste, nous n'avons pas les mots pour
les écrire alors les lire c'est tout simplement troublant. Je suis décidément
conquise par cette écriture pleine de sensibilité et d'humanité.
Faire de l'Ordinaire une histoire "pas banale"
c'est du domaine de l'enchantement et certains écrivains sont dotés de ce don
particulier, Claudie Gallay auteur de " Les beaux jours " est comme
ça, son style c'est ça et moi j'aime vraiment énormément.
Claudie Gallay nous raconte le déroulement très détaillé
(c'est bien son style) de la vie assez monotone de Jeanne, voudrait mettre
p.158 ... " du vent dans le quotidien " ..., elle voudrait
profondément rompre ses habitudes mais la vie passe comme ça alors. C'est une
dame comme tout le monde, mariée et mère de deux jeunes filles jumelles, elle
est postière et son seul collègue depuis des années qu'elle pense arriver à
faire rire au moins une fois, Monsieur Nicolas, un "fonctionnaire
dans l'âme". Jeanne aime regarder les trains passer à heures régulières,
une vie ponctuée par les dimanches dans sa famille et par des lettres écrites à
une artiste dont elle est fan et fidèle à son oeuvre depuis toute jeune et
qu'elle aimerait rencontrer un jour.. au hasard d'une drôle de rencontre elle
retrouve un ancien camarade de lycée pour qui elle avait le béguin et dans son
quotidien si bien réglé il réveille une partie d'elle-même qui sommeillait.
Beaucoup de personnages dans cet ouvrage (mais tout ce qui évolue autour de
Jeanne, les choses, les animaux ou les gens tout devient un personnage à part
entière ou presque) Jeanne à un amour de mari Rémy, elle l'aime vraiment et lui
l'adore, les filles, la mère, le père, la grand-mère M'mé qui se prépare à
mourir bientôt, un trio de voyous dont "Tête Plate", Marina Abramovic
l'artiste invisible mais tellement présente presque à chaque instant de la vie
de Jeanne (le côté artistique c'est elle qui aime, Rémy ça ne l'intéresse pas),
Martin l'ami d'avant, les soeurs dont Emma qui est enceinte et qui a une petite
Zoé proche de Jeanne et puis Suzanne la meilleure amie qui vit le drame de
s'être fait plaquer d'une méchante façon par Jef qu'elle aime toujours..
Elle a été élevée à la campagne, là-bas, elle allait
toujours dehors faire ses besoins d'où cette phrase que j'aime beaucoup p.34 :
... " Les WC modernes nous ont détournés de la beauté des ciels "...
Voici donc quelques phrases qui me parlent.. mais il y en a
tant. Vous retrouverez probablement sur le net, lorsque le livre aura bien
voyagé, dans beaucoup de sites bien d'autres citations tant elles sont
nombreuses à retenir l'attention du lecteur.
P.29 ... " Les cons c'est comme les chiens, ça revient
toujours à leurs rues " ...
P.45 ... " La M'mé dit aussi que la chute n'est pas une
faute, que l'important est de progresser. "
P.60 ... " Si on savait d'avance ce qui va se passer,
ce ne serait pas la peine de faire les choses.
P.134 ... " La M'mé disait qu'elle ne dormait plus, que
c'était comme ça, dans le grand vieux des ans, le sommeil fuit, ça laisse du
temps mais il n'y a plus la force. " ...
P.148 ... " Etre amies c'est rire des mêmes choses et
pleurer des mêmes. " ...
P.152 ... " Jeanne aimait les sourires. Bien plus que
les visages. Bien plus aussi que les regards. Les sourires disent beaucoup du
dedans. Les timides étaient ses préférés, ceux qui étaient à vif, qui
semblaient blessés, les craintifs, les tremblants, ceux-là Jeanne les aimait
énormément " ...
P.156 ... " Oui c'est beau et la beauté se partage
" ...
P.212 ... " Une de vie égale une vie entière, et un
homme tout seul, ça fait l'humanité. " ...
P.216 ... " On ne doit pas se contenter de peu. Le peu,
c'est pour après, quand on est mort. Quand on est vivant, il faut tout faire
très fort. " ...
P.217 ... " Martin mettait de la couleur dans son
quotidien, il éclairait sa routine. Il faisait battre son coeur. Peut-être
trop. " ...
P.248 ... " Dans l'immonde, on peut toujours faire
plus. " ...
P.253 ... " Le bonheur, ça devrait être une
équation parfaite, une sorte de formule chimique. Ou mathématique : confort +
enfants + argent. " ...
P.269 ... (Jeanne s'adresse à Zoé sa petite nièce (atteinte
semble-t-il d'une sorte de déficience intellectuelle)
... " L'image, l'apparence, ça se contourne et, sur la
durée, les chances se répartissent autrement. A force de vouloir ressembler aux
autres, on disparaît dans le paysage. Toi, tu ne seras jamais une miss, mais tu
seras autre chose, parce que tu es sensible, et que le sensible, ça compte. ça
compte autant. Tu es un peu barrée aussi, je ne sais pas si ça sera une chance,
mais tu as une fenêtre de tir, elle n'est pas grande, il ne faudra pas la
rater. " ...
P.277 ... " La M'mé dit qu'il y a toujours une ligne
qui mène là où on veut, mais que la ligne n'est pas toujours droite. " ...
P.307 ... " Parfois, le hasard permet que deux moitiés
séparées se retrouvent, même si ces deux êtres ne se sont jamais vus, ils se
reconnaissent. On appelle amour le sentiment merveilleux qu'ils éprouvent.
" ...
P.313 ... " La vie se déroule comme ça, on se fixe des
points, des horizons. Et on y va. Quand on a atteint ce point, on s'en donne un
autre à atteindre, quelque part dans le temps. " ...
P.348 ... " Elle, (en parlant de Marina) elle parle à
tout le monde, elle inclut tout le monde. Qui on est, d'où on vient, ce qui
nous arrive et pourquoi on est comme ça. Pourquoi on souffre autant. Et
qu'est-ce qu'on fait de notre vie. Quel sens on lui donne. " ...
Alors oui faire d'une vie banale une grande et tendre
histoire, pas triste du tout juste un peu nostalgique mais belle
surtout par sa simplicité, moi je dis sincèrement bravo !
Cité dans cet ouvrage également, Henry PURCELL qui est
un musicien et compositeur anglais, né et mort à Londres dans le quartier de
Westminster. PURCELL compte parmi les plus grands compositeurs anglais.
L'écouter procure toujours de grandes sensations.
O Solitude (Z. 406), plus précisément O solitude, my
sweetest choice, est une chanson du compositeur baroque anglais Henry Purcell.
C'est une œuvre pour voix de soprano ou contreténor, accompagnée par un
ostinato de basse et un continuo. Elle a été composée en 1684-1685 sur un texte
de la poétesse anglaise Katherine Philips, traduit d'un poème original de
Saint-Amant. Elle est considérée comme l'un des chefs-d’œuvre de la musique
vocale de Purcell (wikipédia)
Texte de Saint-Amant en français moderne
Ô Solitude
Ô que j’aime la solitude !
Purcell a utilisé ce poème de la poétesse anglaise
Katherine Philips, lui-même adapté et traduit d'une élégie du poète français
Marc-Antoine Girard de Saint-Amant de 1617 La Solitude
" Etre amies c'est rire des mêmes choses et pleurer des mêmes. "
Un autre Claudie Gallay à lire bien sûr